Ce texte comporte des passages inappropriés aux jeunes lecteurs ainsi qu’aux adultes sensibles. Je recommande donc à ces personnes de ne pas lire ce texte.
La mort dans l’âme.
L’espoir inconsidéré de devenir un vrai être humain, fait de chair et de névroses acceptables, avait une nouvelle fois avorté. J’ai la gueule de bois : celle de Pinocchio ayant voulu enculer Hurricane Carter en deux rounds. Jack Daniels en Don King. Si je l’avais laissé faire, il m’aurait sûrement encouragé à essayer de me taper la baleine, avant de rentrer à dos de thon. Le night club est mon bac à sable où j’érige mes pâtés d’illusions, avant de tout piétiner. Magnifique scène de crime à la galerie de personnages détonants. De la moche qui devient sac à foutre, à la romantique alcoolo qui taille des pipes aux chiottes pour une conso offerte ; du crétin pathétique qui baise la musique, à la fille à papa qui passé une heure du matin, se transformera sale traînée au regard du paternel incestueux. La liste est bien plus longue, comme le serait celle des médicaments, dressée par la ménagère de plus de quatre-vingts dix piges, n’ayant plus que le drugstore pour seul lien social.
Ma vieille dealait dans la cage d’escalier de mon répondeur : les souvenirs de mon enfantement contre un peu d’attention. Ses cachetons mémoriels étaient incolores, inodores et insipides, pareils au LSD : fucking life. Dès mon départ de sa maison de poupée, l’overdose s’était précipitée dans mes veines de junkie. Elle avait trop dégueulassé notre intérieur de trémolos larmoyants. Saleté de voix, s’acharnant à contrer mon autodestruction. J’ai toujours été pour mon avortement, aussi fort qu’elle m’avait souhaitée. Que pouvait-elle donc espérer à s’être faite engrosser par un peine à jouir de violeur ? De la mauvaise graine j’étais, dans mon génotype je demeurerai. Ses mots maternels périmés, berçant ses jumeaux monozygotes trop prêts du mur. Moi et mon illusion morte-née faisions tapisserie.
La mort dans l’âme. Je chancelle, assis sur le lit, la piaule en vrac tournoyant à Mach 1. Je pourrais gerber mes tripes à la mode looser. Je suis bourdonnant d’insultes, de celles que je me profère les lendemains de charges. Des biens saignantes : menstruations de femmes fontaine, se branlant devant un bataillon d’amputés du Vietnam qui n’arrivent plus à bander. Y’a pas plus dégueulasse qu’un Jack Daniels partouzeur. Les effluves d’alcool prenant bien soin de me claquer le cervelet pour mieux baiser mon esprit contracté. Je me fais bourrer le mou par le gros dur du Tennessee. Des larmes s’échappent, perles de dignité quittant mon fond de cale, que la peste l’emporte…
La mort dans l’âme. Je fixe l’enseigne lumineuse rouge qui se gausse de ma déchéance. Son rire clignote à lueur déployée, ce n’est pas cette garce qui s’arrêterait de battre. Je suis vide comme l’est le fond de mes poches, fauché comme les blés, torturés à l’ug 99. Je lance un œil désespéré à mes groles qui jonchent le sol miteux du motel. Sortir. Gonfler mes poumons de l’air vicié des drames nocturnes. Arpenter le trottoir, jusqu’à marcher dans une merde de Komondor. A pied joint, pour mieux conjurer le sort. De la bien fumante en mode rasta, y’a plus que ça qui pourrait me sauver.
Le Glock 18 posé sur ma table de chevet, brouille mes perceptions. L’heure est au changement radical. Il me faut un souffle nouveau, apaisant. Son noir mat fixe le blanc cassé de mes yeux. Le Yin et le Yang me chante la tyrolienne du bonheur. Le seul canon que je puisse bien me farcir, me tripote les couilles du passage à l’acte. J’enserre sa taille rainurée, presse le petit levier qui renversera dans un instant l’infiniment peu de chose. Je veux que l’on sache qu’elle et moi étions consentants. Ce n’est pas parce que l’on s’éclate qu’il faut faire chier les légistes. Je sniffe mon rail de coke, fais dérailler ma motrice. De la poudreuse plein le pif, de l’autrichien plein la tête. Le 9 mm Parabellum fait claquer mes paupières semi-automatiques.
Maman est morte hier. Avec elle, le fruit pourri de son orgueil malade.
Effectivement, lecteurs sensibles s’abstenir. Je ne sais pas si la référence à Camus est volontaire, mais elle tombe à pic. Félicitations.
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Merci Alexandra d’avoir briser le silence des commentaires sur ce texte, même si j’avoue qu’il est difficile de réagir sur autant de violence. Merci infiniment de vos mots touchants, bien à vous.
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La chute…Meursault… Bien ménagée! Chapeau!
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ayoye, je connais trop bien cet etat d’ame qui m’a quitte heureusement, que j’ai jete en vidant mon dernier 40 onces. enfin bien, de jours en jours un peu mieux et maintenant tres bien en moi, enfin
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Bonjour Johanne, je suis très heureux que vous ne souffriez plus. Puisse la vie vous réserver toujours plus de bonheur. Bien à vous.
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merci leo
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Bonjour Leo ! Je viens de te lire … tu as un talent mon garçon. ..
Tu nous embarque dans tes délires. ..c puissant, glauque mais on est tellement dans ton personnage. On est largués, ballotés .. on divague avec toi… mais qu est ce que c est enivrant tous ces parfums de puanteur et de lubricité qui nous tiennent en haleine. ..
Merci Leo de partager tous ces mots. .. toute cette dérisoire agonie..
Je suis complètement accro… merci Leo. …………❤
Bien à toi,
Élisabeth (@Babeth _03_12)
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Et bien merci Elisabeth, ce commentaire me va droit au cœur, puisqu’au delà du compliment, il y a une lecture attentive du texte, sans aucun préjugé. Il y a effectivement une fièvre dans ce texte qui emmène à la déraison totale. De la sueur et du lâcher prise dans cette chambre moite, cimetière de toutes les désillusions. Ce beau retour me donne l’envie de proposer de nouveaux shoots de mots… A plus tard !
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