À la lueur de nos espérances

À la lueur de nos espérances

L’artiste de light painting Cisco

C’est une expérience unique qui m’a été donnée de vivre au festival des solidarités du Secours populaire en compagnie de Cisco. Et pour qui ne connaîtrait pas encore l’artiste, c’est dans l’obscurité qu’il exerce son talent. Dans l’intimité des portraits qu’il façonne d’une grande sensibilité, par le biais du light painting.

Le light painting est avant toute chose de la photographie, et son sens étymologique nous rapproche au plus près de la démarche entreprise. Puisque le préfixe « photo » signifie lumière ou clarté, et que le suffixe « graphie » nous ramène à peindre, dessiner, écrire. Le light painter, écrit peint et/ou dessine avec de la lumière.

Il était une fois un magicien qui arrêtait le temps

Ce que fait Cisco est magique puisqu’il est capable de stopper le temps photographique pour mieux se l’approprier. Une forme d’antidote puissant à l’immédiateté, qui nous précipitent jusque la non conscience de nos quotidiens. Avec lui, on prend le luxe de transformer quelques secondes en des minutes inoubliables. Et on en profite de plus pour les penser et les restituer autrement. Bien loin du sonore et bref « clic-clac », qui signifiait que tout était déjà dans la boîte, ce que permet le light painting, c’est d’œuvrer sur des temps longs dans l’obscurité. Et c’est sur ce temps apprivoisé que l’artiste, avec ses mouvements et lumières, va confier à l’objectif ce que lui seul va narrer, et qui se figera uniquement à son bon vouloir.

rencotre-de-cisco-et-leoLe projet qui nous a réunis avait pour but de mettre en lumière les mots et les valeurs des bénévoles du Secours populaire. Être éclairé à la lumière de son mot. Voici pour moi, l’auteur, un moment d’une rare poésie. De me plonger dans un univers peu banal. Et pour ne rien enlever à l’authenticité de la performance, un travail sans filet. Tout est fait main. Jusqu’aux lampes créées en fonction des effets et résultats recherchés.

Un artisan fait de cœur et de lumière

J’ai ainsi vu des visages sculptés par les lumières de Cisco. Des traits se dessiner, des regards immobiles croire en leur mot. Le mettant en scène en une posture improvisée ou suggérée. J’ai vu défiler de façon émouvante des histoires et des parcours qui m’ont chamboulé. Et c’est toute la sensibilité de l’artiste à restituer avec créativité ce qui lui est confié, qui confère à l’exercice, un moment juste et sobre d’humanité. Cisco est un artisan fait de cœur et de lumière qui narre des histoires uniques. D’être à êtres, et parfois par le fait de filiations. La transmission s’opère et l’on se surprend à assister à une forme de leg, d’héritage moral individuel et collectif. Il nous semble bien que s’extraie comme par magie, sous nos yeux éberlués, une partie d’âme.

Puiser en soi la vérité de l’instant présent

espoir secours populaireCette intensité est également le fait d’une réflexion intime et profonde en amont de la photographie. Lorsqu’il est demandé de trouver le mot qui est censé nous caractériser. Je me suis surpris contre toute attente à hésiter. Quel est donc ce mot, qui fait notre vérité dans l’instant présent ? Ou celui qui nous rassemble et crée le lien ? Et même une fois choisi, comment l’interpréter ? Comment notre enveloppe charnelle va se charger de l’illustrer, de le porter, jusque nous plonger dans un questionnement ou l’on est seul face à soi-même ? C’est ce cheminement entre le point de départ et celui d’arrivée qu’improvise Cisco, avec beaucoup de précautions. C’est ce questionnement qui nous plonge, brièvement mais intensément dans une démarche introspective, jusque nous amener aux racines de notre identité.

Peindre l’humanité de toute sa splendeur

Et dans le cadre du projet mené conjointement avec le Secours populaire, c’est dans un second temps, l’ensemble des bénévoles qui ont symboliquement, de par leur lumière et œuvre collective écrit d’une même phrase : « Tout ce qui est humain est nôtre », le slogan de l’association. Une vive émotion que vous pouvez découvrir dans la vidéo ci-dessous.

Une façon de lutter face à l’obscurantisme

Certes la technique n’est pas nouvelle. Le premier light painting est identifié en 1882, réalisé par Etienne-Jules Marey, le pionnier en la matière. Qu’ensuite, Man Ray en 1937 ou l’illustre Pablo Picasso en 1949 ont déjà eu, comme d’autres, recours à cette alternative pour créer et donner à voir. Mais à l’heure ou les vieux démons resurgissent et que l’obscurantisme religieux, politique ou encore environnemental font peser de grandes menaces sur l’humanité, l’on se dit que le symbole fort de la lumière doit prendre de nouveau la mesure de son éclat. Et rayonner comme jamais dans les ténèbres gangrénant.

La lumière n’était-elle pas celle de la connaissance au XVIIIème siècle en France ? La lumière est notre patrimoine universel. Qu’elle passe par la littérature ou la philosophie, par tous les arts qui ont fait le génie des hommes, et leur souhait d’exhausser leur condition. Il y a une fragilité dans la lumière, et c’est ce qui lui confère en outre toute son importance. C’est aussi en période de doute, probablement la plus avisée pour nous guider intérieurement. Échapper au néant qui pourrait nous happer si nous n’y prenions pas garde. C’est ainsi que certains mots sont pareils à des phares sur les rivages des mers démontées, évitant bien des naufrages d’infortunes.

Ecrire en grand, ce que le cœur des hommes ne fait que murmurer.

C’est cette conscience militante qui illumine la démarche de Cisco. Et qui en fait à
mes yeux un artiste pour lequel j’ai beaucoup de respect. Tout d’abord parce qu’il ne renonce pas, et qu’ensuite il redouble même d’efforts avec ses amis pour dépasser les limites déjà atteintes. Sublimer les corps et leur expression. Comme avec le calligraphe Julien Breton et sa compagnie « turn off the light », qui réalisent un travail époustouflant d’esthétisme. C’est au carrefour des arts et de la technologie que se réinventent les possibles. Mais aussi les histoires à raconter.

Et parfois, la scène prend vie sous la voûte céleste. Puisque Cisco travaille également en extérieur. Et même s’il y a plein de contraintes lumineuses et qu’il n’est pas possible de tout pouvoir faire, cela donne de l’amplitude aux photos ; de quoi magnifier certains projets qui ont besoin de bien plus d’espaces. La lune en meilleure alliée, car elle est capable d’offrir des superbes profondeurs de champ.

Conjurer le désert de nos solitudes, pour la peupler de messages de paix. Comme notamment sur cette photo, sur laquelle on peut lire en arabe : « Ne tarde pas à pardonner ». Une injonction lourde de sens qui illustre totalement toute la portée du light painting, à se saisir de l’opportunité d’un instant pour écrire en grand, ce que le cœur des hommes ne fait que murmurer.

Faire briller ce petit quelque chose qui fait naître l’espoir

Cisco voyage de plus en plus dans des pays qui avaient jusque là été contraints. Et qui se libèrent aujourd’hui sur le plan artistique. Bien souvent en porte-voix d’une jeunesse qui a à dire autrement, et librement, il se rend disponible et mêle sa palette lumineuse à la force des envies et des promesses d’avenir. Autodidacte passionné, Cisco n’a pas fini de faire entendre parler de lui. Ou plutôt de ceux dont la lumière se fera leur porte-parole. Pour que brille ce petit quelque chose en plus, qui nous fait croire en des lendemains plus radieux.

N’hésitez pas à poursuivre la découverte du travail de Cisco en vous rendant sur son compte Instagram ou encore sur sa page Facebook, à partager et soutenir à la vitesse de la lumière…

Publié par 1977leo1977

Dépeindre les fonds abyssaux pour encourager la mise en lumière de nos lueurs fragiles. Aux rythmes de mes jours, aux rendus de mes nuits, auteur malgré moi...

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